L’association France AVC 40 vient de se doter d’un dispositif innovant visant à accélérer la récupération motrice des personnes victimes d’un accident vasculaire cérébral et le met à disposition des cabinets de kinésithérapie. Une première en Nouvelle-Aquitaine.
« Fermez les yeux. Avec votre bras gauche, vous allez reproduire les mouvements impulsés par les vibrations de l’appareil sur votre bras droit », propose Vanessa Widhoff, représentante de Techno Concept France, à un quinquagénaire valide, curieux de la démonstration. Son bras droit est totalement relâché, il l’abandonne à sa démonstratrice qui l’a affublé de deux bracelets. Les vibrations débutent, le « cobaye » mouline son bras gauche, le lève, le déroule, en miroir aux mouvements ressentis dans le droit. Trois minutes plus tard, on stoppe la séance, il ouvre les yeux, convaincu d’avoir mouliné de concert ses deux membres supérieurs. Verdict :
Son bras droit est resté tout le long de l’exercice immobile dans les mains de Vanessa. Il n’a fait que reproduire ce qu’il a cru être des mouvements, mais qui n’en ont été que l’illusion. L’appareil Vibramoov a trompé son cerveau.
Un leurre pour le cerveau
La scène se passe à Souprosse (40) dans un cabinet de kinésithérapeutes, en présence de Nicole Fourcade, Marie-Claude Minc et Jean-François Cazaucurt, membres actifs de l’association de prévention des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et d’accompagnement des personnes victimes d’AVC, France AVC 40. Au centre de cette réunion : trois appareils Vibramoov, récemment acquis par l’association landaise auprès du concepteur Techno Concept. « Un dispositif innovant créé en 2015 par cette société de Manosque en collaboration avec les équipes de neurophysiologie fonctionnelle et neurosciences intégratives et cognitives de l’Université de Marseille Provence et qui repose sur la stimulation neurologique dite proprioceptive qui va permettre de rééduquer la mobilité fonctionnelle d’un patient après un AVC », souligne Nicole Fourcade, secrétaire de France AVC 40. Mais encore ? «La stimulation des muscles et des tendons envoie les mêmes informations au cerveau que si ces derniers fonctionnaient. Un leurre qui va pousser le cerveau à régénérer des mouvements volontaires. Et au fur et à mesure de ce maintien de l’activité cérébrale, on va pouvoir agir sur la mobilité et la spasticité du membre », précise Vanessa Widhoff.
Ces appareils accélèrent la neuro-éducation des victimes d’AVC
Jean-François Cazaucurt, 50 ans, a été victime d’un AVC en 2011, alors qu’il était chauffeur routier. Un premier séjour aux soins intensifs, un mois de prise en charge dans un hôpital puis six mois en soins de suite … Jean-François s’en sort. Le côté droit de son cerveau a été touché. La mobilité de tout le côté gauche de son corps est empêchée, et le patient souffre alors d’aphasie, autrement dit de difficulté à s’exprimer. Depuis quelques jours, grâce à l’acquisition de France AVC 40. Jean-François, qui a récupéré la parole depuis, bénéficie du Vibramoov et, à raison de deux séances par semaine, multiplie, à Souprosse, les exercices avec sa kinésithérapeute, Véronique Deprez.
Et le doigt se lève devant l’écran du Vibramoov, Véronique choisit l’un des quatre domaines de travail proposés par l’appareil : la mobilité pour réinitier le mouvement, la tonicité pour récupérer de la force musculaire, la spasticité afin de réguler l’activité musculaire ou l’antalgie pour réduire la douleur. Comme de nombreuses victimes d’AVC, Jean-François présente un bras droit immobilisé, la main crispée avec les doigts recroquevillés. Sa kiné choisit de travailler la spasticité. Au fur et à mesure des vibrations, la main de son patient se décrispe, les doigts peuvent être détendus par la professionnelle. Dix minutes d’exercice plus tard, le stimulateur rangé dans son étui, Jean-François peut tendre l’index de sa main. Son cerveau a mémorisé la stimulation et l’a transmise à son doigt… Sourire de l’intéressé. Enthousiasme de sa kiné qui rappelle que ces appareils accélèrent la neuro-éducation des victimes d’AVC mais également des personnes ayant subi un traumatisme crânien, des lésions médullaires, des polytraumatismes …
Si le Vibramoov a déjà conquis des établissements et professionnels de santé en France comme à l’étranger, la Nouvelle-Aquitaine n’avait pas eu l’appareil entre les mains. France AVC 40 en rêvait, mais la technologie a un coût… un coût certain. « Nous avons donc eu l’idée de répondre à l’appel à projets associatif annuel lancé par le Conseil départemental des Landes, dans le cadre du dispositif Budget participatif. Notre projet a été soumis au vote citoyen et nous avons fini lauréat » précise Nicole. Résultat, une subvention de 31 000 euros, de quoi financer l’achat de 3 Vibramoov mis à la disposition gracieuse des cabinets de kinésithérapie landais ou des patients victimes d’un AVC.
Contacter l’association : franceavc40@gmail.com ou par téléphone 06 70 40 81 55.